« Grenoble/Gap : Tout-e-s en train le 11 décembre » ! Dossier de presse

Ligne Grenoble/Gap : « l’inquiétude reste de mise »

D’importants travaux ont eu lieu, permettant de lever de nombreuses limitations de vitesse. Mais les trains doivent continuer de rouler aussi lentement qu’avant la fermeture. Plus inquiétant : les négociations pour le financement de la suite des travaux sont au point mort et laissent craindre un renouvellement du scenario de 2019, qui avait failli conduire à l’abandon de la ligne.

Situation au 7 novembre 2022

La ligne Grenoble/Gap doit rouvrir le 11 décembre 2022 après deux ans de fermeture. Quels travaux ont-été réalisés ?

Il est difficile d’obtenir des informations de sources officielles. Néanmoins, tout semble indiquer que les travaux ont été menés conformément au programme prévisionnel à savoir « environ 9 km de renouvellement complet de la voie (Rail traverses Ballast), 7 km de renouvellement partiel de la voie, des travaux pour les ouvrages d’art et la signalisation » soit 22,5 millions d’euros côté Auvergne-Rhône-Alpes. Les travaux sont plus modestes côté Provence-Alpes-Côte d’Azur avec un investissement de 5,8 millions d’euros. « Les travaux permettent la levée de deux limitations Permanentes de Vitesse (LPV) au premier semestre 2023 (dont celle de Saint Martin-de-la-Cluse) permettant des gains de temps théoriques respectifs de 1 minute 45 secondes et 45 secondes » d’après la Convention relative aux travaux de financement.

28,3 millions injectés et une amélioration du temps de trajet de seulement 2 minutes et 30 secondes ?

Il faut se souvenir que lors de la mise en place des fameuses Limitations Permanentes de Vitesse par la SNCF entre 2017 et 2020, qui correspondent à quelques minutes seulement, le service s’était traduit par un allongement de la durée du trajet d’environ 30 minutes. Au lieu de parcourir Grenoble-Gap en 2h14 (meilleur temps) et 2h26 (moins bon temps) en 2017, il en fallait 2h36 et 3h03 en 2020. Ceci s’explique par la configuration de la ligne : voie unique qui nécessite des temps d’attente pour le croisement des trains en gare, refroidissement des freins, etc. Avec la levée d’une partie de ces mêmes limitations permanentes de vitesse, les usagers devaient retrouver une situation améliorée. Lorsque l’on regarde les horaires pour le 1er semestre 2023, l’évolution est quasiment imperceptible : meilleur temps de 2h34 et moins bon de 2h57.

Que disent les financeurs de cette situation ?

Le Collectif de l’Etoile Ferroviaire de Veynes (CEFV) a interpellé la SNCF et les Régions AURA et PACA lors des comités de ligne. Le CEFV a saisi le Président de la Région AURA, Laurent Wauquiez, dans un courrier en date de juillet 2022 sur les travaux de pérennisation (voir ci-dessous) ainsi que sur la reprise du trafic. Suite à ce courrier, le service mobilité de la Région AURA a apporté la réponse suivante : « Concernant le tracé des horaires, SNCF Réseau nous a informé le 22 septembre que la levée des limitations de vitesse, objet des travaux, a été confirmée le 19 septembre. Cependant, l’effet de cette levée n’est pas intégré actuellement dans le tracé des sillons. La Région a demandé à ce que les horaires soient retracés en conséquence, c’est-à-dire sans ralentissements ». En fait, comme si les travaux d’urgence n’avaient pas été réalisés… La Région AURA n’a pas obtenu gain de cause, les délais étant visiblement trop courts pour procéder à cette correction. Il convient de maintenir la pression sur la SNCF afin que les usagers puissent retrouver de meilleur temps de parcours dans les meilleurs délais. Si la ponctualité du service est nécessaire pour la fidélisation des usagers, l’amélioration du temps de trajet doit permettre de convaincre d’autres usagers de prendre le train. On ne va pas se traîner sur la ligne jusqu’en 2027 ! Dans sa fiche horaire provisoire du 18/11/2022, la SNCF laisse entendre que « de nouveaux horaires pour les trains Grenoble – Clelles seront disponibles à compter de janvier 2023 ». Et pourquoi pas de Grenoble à Gap ?

Vous évoquez la date de 2027 ?

2026/2027 correspond à la nouvelle date avancée par la SNCF pour mener les travaux de pérennisation de la ligne. Dans la Convention de 2021 relative au financement des travaux pour la première phase de régénération (appelé également travaux d’urgence) de la ligne Grenoble/Gap, il est indiqué « qu’une nouvelle phase de régénération serait nécessaire à l’horizon 2024 pour assurer la pérennité de la ligne ».

Cependant une étude d’exploitation dont les résultats devraient être connus dans les prochaines semaines se fixe pour objectif « d’avoir une meilleure visibilité sur la priorisation des prochains investissements nécessaires pour maintenir ou restaurer les performances des lignes » de l’Etoile Ferroviaire de Veynes. Pour la ligne Grenoble / Gap, le service mobilité de la Région Auvergne-Rhône-Alpes indique « De nouveaux travaux lourds, identifiés, seront donc à programmer. L’étude préliminaire qui doit définir la consistance de ces travaux de « seconde phase 2025-2027 » est attendue pour le début d’année 2023. Un tour de table financier sera par ailleurs nécessaire afin de rassembler les moyens nécessaires à leur réalisation ». On parle d’un montant de travaux de l’ordre de 80 millions d’euros.

Faut-il s’inquiéter de l’état de la ligne et du glissement du calendrier ? Qu’en est-il de ce tour de table financier évoqué par la Région Auvergne-Rhône-Alpes ?

Après avoir interrogé divers services, le CEFV conclut qu’il n’y a pas d’explication rationnelle sur le glissement du calendrier de 2024 à 2027. Pour mémoire, les travaux d’urgence 2022 auraient dû être réalisés durant la période 2015/2020 soit 2 à 7 ans de retard…

Un cadre de la SNCF nous confirme que la succession étude préliminaire/étude AVP/APO/consultation des entreprises s’étale sur trois ans approximativement. L’étude préliminaire phase 2 devant être remise dans les toutes prochaines semaines, ceci correspond à un démarrage des travaux en 2026/2027. Pour tenir ces délais, le tour de table financier annoncé par la Région AURA doit être mené durant l’année 2023.

Les négociations ont démarré ?

Rien à notre connaissance. La Métropole de Grenoble a demandé la convocation d’un Comité de pilotage au Préfet de Région à l’été 2022 afin d’évoquer les réflexions concernant la ou les phases de régénération ultérieure(s) ; le COPIL n’a pas été convoqué. Un courrier signé par des élus de tout bord politique en octobre 2022 rappelant le besoin urgent d’engager de nouveaux travaux a été adressé au Président et Préfet de Région ; ce courrier reste en attente de réponses.

Tout ceci est inquiétant et laisse craindre un renouvellement du scénario de 2019 lorsque l’Etat et les Régions AURA et PACA se renvoyaient la balle.

Que prévoit le CEFV fasse à cette situation ?

Généralement, lorsque des travaux de près de 35 millions d’euros s’achèvent, les financeurs se pressent pour l’inauguration. Au 7 novembre, rien n’est prévu par l’Etat, les Régions et SNCF Réseau, preuve du malaise.

La Communauté de communes du Diois a prévu d’accueillir un événement en Gare de Lus-la-Croix-Haute le 11 décembre 2022. Logiquement, le CEFV appelle les usagers à prendre le train ce même jour pour rejoindre Lus-la-Croix-Haute. La principale revendication pour la ligne Grenoble/Gap, comme pour l’ensemble des lignes de l’Etoile ferroviaire de Veynes, portera sur l’obtention des financements pour pérenniser la ligne. Des événements vont être organisés dans la plupart des gares avant d’embarquer dans le train.