Communiqué – lundi 8 octobre 2018
« Surtout, ne rien assumer et laisser pourrir la situation ». Telle peut être résumée la stratégie de l’État, avec la complicité de SNCF Réseau. L’entreprise s’en donne à cœur joie en inventant des contraintes de circulation pour les ajouter aux vrais problèmes techniques de la voie.
Le projet de loi d’orientation sur les mobilités doit être présenté de façon imminente en Conseil des ministres, et pour l’instant, aucune solution pour le financement des « petites lignes » n’a été proposé par l’État. Le Collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes répond : « nous n’acceptons pas la politique du fait accompli ». Ce lundi, il s’invite à la direction territoriale de SNCF Réseau à Lyon pour dénoncer les ralentissements fantômes mis en place par l’entreprise sur la ligne Grenoble-Gap. En effet, SNCF Réseau invente des contraintes de circulation pour les ajouter aux vrais problèmes techniques de la voie. Ainsi, depuis plusieurs années, elle maintient un ralentissement sur une portion de plus de 3 kilomètres de voie qui a pourtant été refaite à neuf en 2014 et 2015, d’après les informations communiqués par les cheminots. Interpellée depuis plusieurs mois par le Collectif, la direction n’a pas démenti cette situation, mais ne l’a pas modifiée.
Sabotage et ralentissements fantômes
Pour aggraver encore la situation, l’entreprise (qui assure l’entretien de la voie, la gestion des circulations et décide également des grilles horaires) prévoit un nouveau rallongement de parcours de 5 minutes, rien de moins, à compter du mois de décembre 2018. Comble de l’absurde : les techniciens en charge de réaliser ces grilles horaires affirment que c’est l’« Infrapole », le service en charge de la voie, qui a prévu un ralentissement. Mais ce dernier a assuré au Collectif qu’il n’en est rien. Ce n’est pas tout : l’entreprise a aussi fait le choix de fermer un poste de croisement en gare, qui rend la gestion des circulations encore plus complexe. Hasard sans doute : ces trois dysfonctionnements sont concentrés sur la portion de la ligne située entre les gares de Clelles (Isère) et Lus-la-Croix-Haute (Drôme), celle qui est la plus menacée par les choix politiques. SNCF Réseau doit cesser de saboter les circulations sur notre ligne. Nous attendons qu’elle mette fin à ces dysfonctionnements avant l’entrée en vigueur définitive de la nouvelle grille horaire en décembre.
L’État n’assume pas sa responsabilité
Si l’entreprise gestionnaire du réseau se permet de telles fantaisies, c’est qu’elle a les mains libres. Le pouvoir politique et en particulier l’État ne lui laisse-t-il pas la charge d’annoncer et de mettre en œuvre les mauvaises nouvelles ? Partout en France, les lignes ferroviaires « suspendues » ou fermées ne le sont pas à la suite d’une décision claire, assumée par les institutions. Ces dernières ont beau jeu de laisser la situation se dégrader peu à peu, jusqu’à ce que la voie trop longtemps délaissée ne permette plus aux trains de rouler en toute sécurité. C’est exactement le scenario qui se dessine sur la ligne Grenoble-Gap. L’État a indiqué récemment qu’il paierait sa part des travaux, mais plus tard, quand la ligne aura déjà fermé, et sous réserve de nouvelles études de fréquentation, qui sont pourtant déjà légion. 1000 personnes empruntent cet axe en moyenne chaque jour. Il serait pourtant possible de faire d’ores et déjà les travaux pour éviter le pire. Ce jour, nous venons à la capitale de Région pour rappeler l’État et SNCF Réseau à leurs responsabilités respectives. S’il le faut, nous irons à Paris.
Lettre remise au directeur régional de SNCF réseau.