Proposition technique et tour de table financier, rien ne s’oppose plus au lancement des travaux urgents. Mais ce jeudi en comité de pilotage présidé par le préfet de Région PACA, l’État-stratège s’est avéré défaillant, laissant libre cours aux gesticulations et imprécisions de SNCF Réseau plutôt que de taper du poing sur la table. Le Collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes interpelle ce jour le secrétaire d’État dans une lettre ouverte. Il appelle l’ensemble des élus, syndicats et habitants des Hautes-Alpes, de la Drôme et de l’Isère à converger en assemblée générale à Veynes le samedi 5 octobre 2019 pour obtenir le lancement des travaux urgents.
Communiqué – vendredi 27 septembre 2019
Après les espoirs, la douche froide. Et le suspense sur l’avenir de la ligne Grenoble-Gap et du train de nuit Paris-Briançon continue, encore. Ce jeudi, le comité de pilotage du train de nuit qui réunissait l’ensemble des acteurs institutionnels du dossier en AuRA et PACA a accouché d’une souris. La préfète des Hautes-Alpes, qui a reçu le Collectif à l’issue de la réunion, a assuré la main sur le cœur qu’« il n’a jamais été question que des décisions soient prises lors de la réunion ». Pourtant, c’est bien ainsi que la plupart des acteurs du dossier (sinon tous) avaient compris les annonces du secrétaire d’État aux transports, Jean-Baptiste Djebbari dans le Dauphiné libéré la semaine dernière. Le président de Grenoble-Alpes-Metropole, qui avait fait le déplacement est ainsi sorti exaspéré par « ces réunions où on perd son temps ». D’autres collectivités présentes ont fait part de leur déception. « Je ne vous cache pas qu’on espérait sortir de là avec un tour de table ficelé et des travaux programmés », a précisé l’une d’entre elles au Collectif.
Transfert sur car rejeté unanimement
De fait, le secrétaire d’État semble avoir du mal à se faire obéir de ses troupes en PACA. Dans les colonnes du Dauphiné, il claironnait qu’il voulait faire passer le train de nuit Paris-Briançon (qui sera arrêté à cause de travaux sur la ligne Valence-Gap en 2021) « par Grenoble pour en préserver l’activité. De fait, cela nécessite des travaux complémentaires sur l’axe Grenoble-Veynes ». Mais les paroles n’ont pas été suivies par des actes : dans l’ordre du jour de la réunion, le préfet de Région proposait l’examen de nombreuses « solutions alternatives ». Un des participants peste : « il a fallu attendre une heure et demie pour entrer dans le vif du sujet. SNCF Réseau nous a proposé des tas de pistes pour le train de nuit, dont la plupart étaient irréalistes, tout le monde est tombé d’accord là-dessus. Alors pourquoi nous faire perdre notre temps ? ». Bonne nouvelle : la solution d’un transfert total sur car a été rejetée unanimement. Mais deux alternatives semblent rester en lice à l’issue de la réunion : le transfert ferroviaire par Grenoble (travaux à la clef) tant annoncé, et un trajet en train entre Paris et Modane, avec une suite de 4 heures de car jusqu’à Briançon puis Gap. L’État des cars Macron a décidément du mal à renoncer au bitume !
Les travaux pourraient démarrer…
La situation est parfaitement absurde car en pratique, plus rien ne s’oppose à la réalisation des travaux urgents. Lors de la réunion ce jeudi, SNCF Réseau a proposé une solution technique et un devis de 18 millions d’euros de travaux à faire en 2020, et les partenaires ont arrêté un tour de table. L’État est prêt à mettre 10 millions, la Région AuRA 6 millions, et le reste pourra se répartir entre les acteurs restants (Grenoble-Alpes Métropole s’étant engagée de longue date sur 2 millions minimum). Il ne reste plus à l’État que de décider en faveur de telle ou telle solution (c’est lui qui gère les trains de nuit, donc l’arbitrage lui revient). « Dès que la ministre aura tranché, on lance fissa les conventions de financement et c’est parti », explique un acteur. Certes, comme à son habitude, SNCF Réseau a joué la carte du pessimisme, expliquant que des « surcoûts » étaient à prévoir, que les travaux urgents seraient à refaire lors des travaux ultérieurs, ou encore que la circulation du train de nuit via Grenoble aurait des conséquences sur les travaux en cours sur d’autres axes, sans vraiment préciser lesquels. Pour plusieurs acteurs, l’imprécision technique de l’entreprise rend cependant ces annonces « peu crédibles ». Si le train de nuit passe par Grenoble, plusieurs sous-options sont possibles, par Lyon, Chambéry ou Valence. C’est tout ce qu’il reste à décider.
… Mais l’État ne tranche pas
Alors qu’il était député, Jean-Baptiste Djebbari expliquait au sujet des petites lignes : « Le jeu des politiques, c’est souvent de gagner du temps pour ne pas prendre de décisions ». Une pratique qu’il semble adopter aujourd’hui, rejetant la faute sur son opérateur. Auprès du Collectif, le député Joël Giraud ne mâche pas ses mots : « SNCF réseau se fout du gouvernement » estime-t-il, faisant part d’un pessimisme de mauvaise augure. Mais la critique est un peu facile : l’entreprise est sous tutelle de l’État, qui est donc maître à bord. Le député affirme que « le gouvernement avait clairement demandé que [l’étude pour les travaux urgents] soit réalisée ». Or il n’en est rien : l’entreprise n’a jusqu’à présent jamais reçu de commande en ce sens, et pour cause : juste avant l’été, Jean-Baptiste Djebbari affirmait encore que l’État ne déciderait pas les travaux urgents avant la publication du rapport Philizot, que l’on attend encore. Ce n’est que la semaine dernière dans le Dauphiné que sa position, enfin, a changé, juste avant que ne s’organise sur les chapeaux de roue le comité de pilotage de ce jeudi. Ce jour, nous adressons une lettre ouverte au secrétaire d’État aux transports. Nous attendons qu’il prenne rapidement une décision claire, précise et définitive. Après le nouveau recul d’hier, la colère est grande dans les Alpes du sud. Le Collectif de l’Étoile ferroviaire de Veynes tient son assemblée générale le 5 octobre. Est ce que ce sera un jour de fête, ou bien serons-nous amenés à durcir nos actions ?
Contact presse : Lionel Perrin (07 81 87 81 14)