Au vu des enjeux en matière de changement climatique et de mobilité, le choix de l’Etat de recourir à l’ouverture à la concurrence des lignes TER, renvoyé aux Régions, soulève de nombreuses craintes et interrogations de la part des usagers. A l’occasion de l’ouverture à la concurrence du lot 3 « Est Provence et ligne des Alpes » lancée par la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’opérateur Transdev – cabinet Stan – rencontre le mercredi 10 avril le Collectif de l’Etoile ferroviaire de Veynes pour étoffer son offre. L’occasion pour le CEFV de réaffirmer nos revendications en terme de mobilité pour nos territoires de montagne et de besoins spécifiques liés à ce marché public. Extrait.
Les oubliés de l’ouverture à la concurrence.
L’ouverture à la concurrence du lot 3 porte en particulier sur les lignes Marseille – Gap – Briançon et Briançon – Gap – Valence mais exclut la ligne Gap – Grenoble (et ses correspondances vers Paris) qui sera portée ultérieurement par la région Auvergne-Rhône-Alpes. Cette ouverture à la concurrence et son morcellement en lots rendra difficile des liaisons directes entre Grenoble et Briançon (ou Marseille) comme par le passé. Des temps de correspondances réduits devront être mis en place pour rendre ces liaisons attractives. Le train en correspondance d’un opérateur attendra-t-il le train en retard d’un autre opérateur ? C’est ce que ferait un bon service public…
Jeux Olympiques et hasard des calendriers
Cette ouverture à la concurrence interpelle également quant au projet de Jeux Olympiques 2030 portés par les deux Présidents de région et cette liaison ferroviaire unique reliant directement les Alpes du Sud aux Alpes du Nord. Curiosité du calendrier, l’année 2030 marque concomitamment le démarrage de cette délégation de service public, le risque de fermeture des deux lignes inter-régionales en absence de travaux, alors même qu’une incertitude pèse toujours sur les équipements des Jeux Olympiques encore non attribués officiellement.
CPER AURA toujours non signé
Car faire rouler des trains nécessite des voies en bon état. La ligne Briançon – Valence (tout comme Grenoble – Gap) à cheval sur les deux régions n’a toujours pas fait l’objet de protocole d’accord pour la rénovation de l’infrastructure. Faute à l’État et à la Région Auvergne-Rhône-Alpes incapables jusqu’à présent de trouver un accord sur le CPER 2021-2027 volet mobilité (voir communiqué : http://aurail.canalblog.com/archives/2024/02/14/40204821.html). Les résultats des études réalisées par SNCF Réseau sur l’état du réseau et le montant des rénovations n’ont toujours pas été rendus publics. Le seront-ils auprès de Transdev tout comme les autres postulants à la gestion du lot 3 ? De l’état des voies dépendra en grande partie la qualité du service.
Garantir des services aux voyageurs
La présence de personnel en gares, réduit ou supprimé récemment par la Région PACA et la SNCF, devrait être rétablie à l’occasion de l’ouverture à la concurrence. Nos territoires doivent pouvoir offrir un accueil pour les voyageurs du quotidien comme pour les voyageurs occasionnels dans nos territoires touristiques. Dans nos territoires de montagne, de nombreuses personnes restent éloignées du numérique ce qui nécessite la présence de guichets pour l’achat et l’échange de billets vers les réseaux TER et national. La vente à bord devra se faire au prix de la vente au guichet.
Cadencement et capacité des trains
Les horaires des trains devront être adaptés aux travailleurs du quotidien. A titre d’exemple, le premier train reliant Veynes à Gap, malgré l’existence de trois liaisons ferroviaires, est seulement à 10h30 ! La mise en place du cadencement sur une grille horaire incluant train et bus pour améliorer la lisibilité pour l’usager et supprimer les trous de la mi-journée ainsi que les doublons.
Les trains, de capacité suffisante, devront pouvoir accueillir des vélos, à travers des aménagements adaptés, pour favoriser le tourisme vert en pleine expansion. Les liaisons par car identiques aux liaisons par train devront cesser ; les cars seront redirigés pour l’acheminement des passagers pour le dernier kilomètre.
Conditions de travail et effectifs
Un service de qualité ne pourra être rendu qu’avec des salariés en nombre suffisants ayant comme mission première de rendre service aux usagers. Cet effectif suffisant doit couvrir tant l’accueil du public, que le personnel à bord mais aussi l’entretien du parc roulant, élément trop souvent sous estimé. Cela passe également par de bonnes conditions de travail, élément essentiel tant pour le maintien des effectifs que pour permettre un bon relationnel avec les usagers.