L’État ne décidera qu’en mars s’il finance l’infrastructure. Le Collectif n’acceptera aucun arrêt des trains si ce n’est pour permettre des travaux. Il organise donc un grand rassemblement de gilets multicolores et d’écharpes tricolores sur le rond-point du Fau, à Monestier-de-Clermont (Isère) le 2 mars à partir de 14h30
Communiqué – jeudi 7 février 2019
C’est en mars que la décision doit tomber. En janvier, la ministre des Transports a missionné le préfet François Philizot pour définir dans toute la France « une stratégie pour les lignes ferroviaires de desserte fine des territoires ». Dans sa lettre de mission, la ministre précise : « Je souhaite que la phase d’identification, en lien avec les régions, des situations considérées comme prioritaires puisse avoir lieu d’ici mars 2019 ». Concrètement, le préfet s’appuiera sur les études de fréquentation existantes et de l’opinion manifestée par les Régions et les collectivités concernées pour décider si la ligne mérite d’être rénovée, ou abandonnée par le Gouvernement. En septembre dernier, à la demande de l’État, les collectivités réunies au chevet de la ligne Grenoble-Gap avaient déjà décidé de lancer des études sociologique et technique pour « permettre de lancer les travaux au plus vite », d’après un compte-rendu provisoire de la réunion. Le rédaction du cahier des charges de ces études devait être organisée dès « fin octobre ». Mais quatre mois plus tard, les services de l’État ont avoué au Collectif de l’étoile de Veynes que ce cahier des charges ne sera pas rédigé avant le mois de mars… quand le préfet Philizot aura déjà rendu ses conclusions.
Arrêt des trains non justifié
Le temps passe, et derrière la scène politique, certains acteurs du dossier brandissent des arguments techniques qui pourraient justifier l’inaction. En effet, il est bien plus difficile de rouvrir une ligne que de la maintenir en fonctionnement. Or, lors du comité de pilotage de septembre, décision a été prise d’arrêter les trains dès le mois de décembre 2020, que les travaux nécessaires démarrent immédiatement, ou pas. L’argument est fourni par SNCF Réseau. Dans le « diagnostic » que l’entreprise a communiqué aux collectivités et que le Collectif s’est procuré, elle affirme que « pour des raisons de sécurité », les trains ne pourront plus circuler entre Vif (Isère) et Aspres-sur-Buech (limite de région) dès 2021. Mais l’entreprise ne fournit aucune précision sur les zones les plus dégradées et sur les motifs d’un tel arrêt. Contactés par le Collectif, les services techniques des deux Régions concernées confirment d’ailleurs qu’ils n’ont pour l’instant que très peu de données. SNCF Réseau est coutumière du fait. Déjà en 2016, elle avait assuré que la ligne devrait fermer en 2018… avant de revenir piteusement en arrière, avec une date de survie sans travaux à l’horizon 2023-2025.
État « marcheur » à la traîne
Pour le Collectif, une seule option est acceptable : une suspension des circulations pour permettre la réalisation de la première phase de travaux les plus urgents. Il est encore temps. De deux choses l’une : soit certains points noirs risquent effectivement d’entraîner dès 2021 un « ralentissement 0 » selon les termes du jargon cheminot, donc un arrêt des trains. Dans ce cas SNCF Réseau doit indiquer sans tarder quelles sont les zones qui doivent faire l’objet des travaux les plus urgents, comme elle l’avait fait pour la ligne Valence-Gap en 2017. Ces travaux précisément identifiés avaient été votés en février par la Région et réalisés quelques mois plus tard. Si en revanche la nouvelle échéance n’est pas justifiée, les autorités doivent revenir sur leur décision d’arrêter les circulations dès 2021. Dans tous les cas, l’État doit cesser de jouer la carte des atermoiements. Tous les autres acteurs (dans l’ordre chronologique : Metro de Grenoble, Région AuRA, Département de l’Isère) ont fait savoir qu’ils étaient prêts à financer les travaux dans le cadre du « Contrat de plan Etat-Région » actuel, qui prend fin en 2021. Samedi 2 mars, en gilets jaunes et écharpes tricolores, élus, usagères, cheminots, nous rappellerons au Gouvernement de Monsieur Macron qu’il est désormais seul responsable de la menace qui demeure sur la vie de cette ligne utile à 1000 personnes chaque jour. Elle constitue le seul lien ferroviaire entre les Alpes du Nord et les Alpes du Sud, de Grenoble jusqu’à Marseille et ses potentialités notamment touristiques sont énormes : les territoires traversés et les élus attendent le développement qu’elle mérite.