Communiqué – lundi 24 septembre 2018
L’État a enfin donné son accord de principe pour participer aux travaux, à la suite des collectivités locales unanimes. A quelques virgules près, le tour de table est donc enfin réalisé. Mais le calendrier envisagé pour le chantier ne prévoit aucune opération avant 2021… quand la ligne aura probablement déjà fermé.
C’est une avance historique, qui constitue en même temps une très mauvaise nouvelle. Dans les Hautes-Alpes ce samedi, Elisabeth Borne a annoncé au Collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes son accord de principe pour que l’État participe au financement des travaux sur la ligne Grenoble-Gap. Sur les autres lignes de l’étoile de Veynes, les arbitrages financiers ont été validés et l’ensemble des travaux nécessaires sont programmés. Une victoire notable, obtenue sans nul doute grâce à l’unanimité des collectivités concernées, au premier rang desquelles les Régions AuRA et PACA. Lors de la réunion du comité de pilotage de l’étoile de Veynes mercredi dernier à Marseille, l’État a proposé d’investir à hauteur de 40 % des besoins estimés sur Grenoble-Gap. Avec la participation de SNCF Réseau et des autres collectivités (les Régions, les Départements de l’Isère et des Hautes-Alpes, et la métropole Grenoble-Alpes), la somme nécessaire est quasiment réunie.
Scenario absurde et inacceptable
Mais l’État a précisé que son engagement sur cette ligne concernait le prochain « contrat de plan État-Région » (CPER), qui démarrera (au mieux) en 2021. La ministre ne s’en cache pas : « on pourra inscrire les bons travaux dans le prochain contrat de plan » a-t-elle déclaré sur la radio Alpes 1. Problème : SNCF Réseau, qui gère l’infrastructure, affirme qu’il y a un fort risque de suspension d’exploitation à partir de décembre 2020. Devant le Collectif, Elisabeth Borne a argué que SNCF Réseau ne lui communiquait pas les informations nécessaires. Pourtant, dans une lettre au Collectif adressée la semaine dernière, le député Joël Giraud, reprenant les informations du cabinet de la ministre, indique que l’entreprise a communiqué ces informations dès « février 2018 ». D’ailleurs, ces données ont été rappelées au comité de pilotage de mercredi dernier, qui était présidé par l’État. Par la voix de la ministre des Transports, c’est la première fois qu’une institution assume l’hypothèse d’une fermeture de la ligne Grenoble-Gap, même provisoire. Ce scenario absurde est inacceptable : alors qu’aucun obstacle technique n’est en jeu, pourquoi retarder un financement acté sur le principe ?
Fréquentation 10 fois sous-estimée !
Car il y a une bonne nouvelle : la direction de SNCF Réseau confirme ce que disent les spécialistes chargés de l’entretien de la voie depuis un an : il est encore temps de démarrer les études préalables aux travaux les plus urgents pour qu’ils aient lieu avant que la dégradation de la voie entraîne la suspension de la ligne. En réalité, ces incertitudes de calendrier montrent que l’État semble encore hésitant à s’engager. Et pour cause : en comité de pilotage mercredi dernier, il avançait que la fréquentation quotidienne de la ligne s’élèverait à 90 voyageurs par jour. Un chiffre farfelu, qui a suscité une levée de boucliers des autres collectivités lors de la réunion. Le comité de pilotage envisage donc de mener une nouvelle étude de fréquentation. Pourtant, des données existent déjà (pour mémoire, voir ici). Elles montrent de façon concordante que la fréquentation sur l’ensemble de la ligne est de l’ordre de 1000 voyageurs par jour, soit dix fois plus que les évaluations du ministère.
La ministre interpellée
Par ailleurs, l’axe Grenoble-Gap pourrait venir au secours du train de nuit Paris-Briançon. Samedi, la ministre a assuré que cette ligne serait maintenue, et les trains rénovés dès l’année prochaine. Mais, alors que d’importants travaux vont avoir lieu entre Valence et Gap de septembre à décembre 2019, la liaison va être suspendue. Comme cela a déjà été fait par le passé, elle pourrait être maintenue via Grenoble, à condition que la voie soit maintenue en bon état. Rien n’est encore joué : le calendrier des travaux doit être débattu lors d’un prochain comité de pilotage interrégional de la ligne, prévu pour le mois d’octobre. D’ici là, le Collectif se mobilise :
– dans une lettre ouverte, il interpelle la ministre des Transports sur l’importance de démarrer les travaux à temps (voir ici) ;
– le 9 octobre, à Veynes, sous l’égide du président de la Communauté de communes du Diois, il lance une dynamique de coopération des collectivités locales et de la société civile pour le développement des trains de l’étoile de Veynes, au service d’un projet de développement économique et durable des territoires ;
– il appelle chaque groupe local, dans chaque gare, à se réunir pour organiser des actions qui interpellent l’État localement sur l’urgence du calendrier.