La première Ministre Elisabeth Borne annonçait en mars 2023 un « Plan d’avenir pour les transports » de 100 milliards d’euros qui donnait la priorité au ferroviaire. Ce plan d’avenir semble accoucher d’une souris en Région Auvergne-Rhône-Alpes. Il faut dire que le Président de la Région AURA avait bien préparé le terrain… Le Collectif de l’Etoile Ferroviaire de Veynes ne se satisfera pas d’un Contrat de Plan Etat/Région 2023 – 2027 pour Auvergne-Rhône-Alpes qui n’assure pas la finalisation de la régénération de l’ensemble des branches de l’étoile de Veynes dont Grenoble/Gap réouverte l’année dernière.
L’État propose de négocier un plan de fermeture des petites lignes…
Ce que contient le mandat de négociation ressemble plutôt à un plan de fermeture des petites lignes en Région Auvergne-Rhône-Alpes si l’Etat et la Région AURA ne revoient pas leurs copies. L’État, dans sa première maquette, investirait 54 millions pour l’ensemble des lignes de desserte fine du territoire d’Auvergne Rhône-Alpes. Tout juste de quoi financer la rénovation de la seule ligne Grenoble-Gap sur la partie AURA qui pour mémoire nécessite de nouveaux investissements de l’ordre de 90 millions d’euros sur la totalité de la ligne. De plus, l’État n’interviendrait qu’à la hauteur de 11,5 % pour la régénération et 20 % pour la modernisation de l’infrastructure, loin des valeurs actuelles. Pourtant, ce mandat contient plein de bonnes intentions : « réduire les inégalités territoriales », « en priorité, achever la réalisation des opérations engagées lors du CPER 2015-2022 », pour mémoire 35 millions de travaux réalisés pour la ligne Grenoble – Gap dans le CPER précédent.
Si les montants proposés par l’État à la Région AURA pour démarrer les négociations sont aussi faibles, c’est qu’au-delà des bonnes intentions, cette dernière ne se montre pas très intéressée par l’avenir des petites lignes, pourtant vecteur de cohésion territoriale.
…avec la Région Auvergne-Rhône-Alpes qui avait annoncé son désengagement
Au lendemain de la réouverture de la ligne Grenoble/Gap le 11 décembre 2022, après deux ans de fermeture pour travaux, le Vice-Président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Frédéric Aguillera jette une douche froide en Comité de ligne le 12 décembre : « des petites lignes vont fermer ! ». Dans son communiqué du 24 février 2023, la Région émet plusieurs alertes « si la mobilisation de fonds pour les RER métropolitains est une bonne nouvelle, l’État ne doit pas non plus oublier les petites lignes ferroviaires, si importantes pour nos territoires ruraux ». Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, s’était déjà positionné comme le grand sauveur du monde rural et alpin en 2019 : « la ligne Grenoble / Gap ne fermera pas ! ».
Pour autant, la Région Auvergne-Rhône-Alpes ne mettra pas un euro sur les petites lignes cette fois-ci mais « prendra toute sa part sur le financement du matériel roulant »… pour desservir les métropoles et les principaux axes. Pas un euro ? Pas tout à fait si l’on regarde bien le mandat de négociation. On découvre par exemple que pour lutter contre la pollution de l’air, l’État et la Région se sont déjà entendus pour financer des opérations dans la vallée de l’Arve. Très bien pour les habitants de l’Arve. Ceux de la Maurienne et du bassin grenoblois apprécieront !
Toujours pas de planification de long terme
Si les 54 millions d’euros annoncés par l’État sont anecdotiques au regard des enjeux à l’échelle régionale, c’est surtout l’absence de planification pour ces petites lignes qui est à relever. La Région Auvergne-Rhône-Alpes est une des rares régions à ne pas avoir engagée et signée avec l’État un « Protocole d’accord Etat – Région relatifs à l’avenir des petites lignes ferroviaires ». L’État, qui rappelons le est propriétaire du réseau ferré national, propose t-il de négocier un plan de fermeture des petites lignes pour celles qui ne l’ont signé ?
Mécontent, l’État précise que « le financement de ces lignes de desserte fine du territoire ne pourra être accordé qu’en contrepartie d’un financement de la Région ». Monsieur Wauquiez devra se montrer un peu plus convaincant, à l’image d’autres Présidents de régions mieux dotées, pour obtenir des fonds supplémentaires pour les petites lignes.
Le Collectif de l’Etoile Ferroviaire de Veynes – usagers, élus, cheminots – se tient prêt à poursuivre sa lutte déterminée pour le maintien de la ligne Grenoble/Gap et les autres lignes de l’Etoile ferroviaire de Veynes (Valence/Gap, Marseille/Briançon). Il pourra s’appuyer sur les financements annoncés par ailleurs pour les Services express régionaux métropolitains soit 182 millions d’euros dont la Métropole de Grenoble fait partie. L’État et la Région AURA peuvent s’attendre à des OCP (Occupation Coup de Poing dans le jargon de la SNCF) du CEFV dans les prochaines semaines !
Encart : Les chiffres ne trompent pas : l’Etat n’est pas à la hauteur de ses grandes annonces, à l’échelle du territoire d’AURA !
Le CEFV a comparé les montants des précédents CPER 2015/2021 (en cumulant les chiffres des CPER des anciennes régions Rhône-Alpes et Auvergne lors de la signature de 2015) au CPER 2023/2027 en cours de négociation. Attention : ces chiffres ne tiennent compte que de la part de l’Etat dans les volets mobilités des Contrat de Plan Etat / Région.
La Première information : l’Etat diminue sa participation au financement du volet mobilité du Contrat de Plan Etat/Région d’AURA (714 millions pour les deux CPER précédents contre 418 millions dans le projet actuel 2023/2027). Au vu des enjeux de transition écologique et du besoin en financement pour favoriser le report modal, les chiffres parlent d’eux-mêmes. S’agit-il d’une politique de décroissance ? Ou d’une punition pour l’élève Wauquiez ? Les habitants d’AURA apprécieront…
L’évolution des investissements pour le ferroviaire suit la même trajectoire mais dans une moindre proportion (301 millions en 2015/2021 contre 249 millions pour 2023/2027). L’Etat financera en proportion davantage le ferroviaire sur la période 2023/2027 (59,6%) que la route (40,4%). Cela montre une inversion des priorités par rapport à la période précédente (42% pour le ferroviaire contre 58% pour la route). Par ailleurs, il est difficile à ce stade de donner un avis sur le montant donné aux Services Express Régionaux Métropolitains (182 millions) étant donné que cela pourra aussi bien financer du ferroviaire que des services routiers. Il n’en demeure pas moins que les investissements pour le ferroviaire diminuent. On est bien loin de trouver dans ce projet de CPER la déclinaison régionale du « Plan d’avenir pour les Transports » à 100 milliards d’euros voulu par l’Etat !
Enfin, les montants pour les petites lignes, bien qu’en légère hausse (54 millions pour les premiers chiffres 2023/2027 contre 40 millions en 2015/2021), restent ridicules au regard des enjeux de régénération à l’échelle régionale. On se souviendra néanmoins que l’Etat et la Région AURA, en fin de CPER précédent, ont voté des avenants de plusieurs centaines de millions d’euros pour la rénovation de l’infrastructure. Ce serait bien cette fois-ci de planifier d’entrée ces investissements, au risque de voir les usagers et les habitants d’AURA perdre patience.
On attend les chiffres de la Région AURA…