Grenoble-Gap : le troisième « COPIL » sera-t-il le bon ?

Ce mercredi à Valence, l’État réunit un énième comité de pilotage. Après avoir décidé la fermeture de la ligne à la fin 2020 alors qu’elle est techniquement évitable, le Gouvernement va-t-il enfin revenir sur sa décision et lancer les travaux urgents ? Aux côtés des cheminots, le Collectif sera dans les rues le 5 décembre pour défendre le service public ferroviaire de proximité.

Communiqué – mardi 3 décembre 2019

La ligne Grenoble-Gap est sous de bons auspices : le buffet de la gare de Veynes va rouvrir ; la voie ne s’est pas dégradée (le 25 octobre, le train qui mesure l’état de la voie n’a pas montré d’évolution significative). Enfin, une première tranche de travaux va être mise en oeuvre en PACA : la Région a voté mi-octobre le financement de 5 km de travaux sur la ligne, entre les gares de Aspres et de Veynes (pour un montant total d’environ 5 millions d’euros). Ces travaux devraient avoir lieu en 2021, pendant la fermeture de l’axe Valence-Veynes. Dans ce contexte réjouissant, le comité de pilotage de l’étoile de Veynes, qui doit se tenir mercredi 4 décembre à Valence sous l’égide du préfet de Région PACA va-t-il enfin lancer les travaux urgents ? Le premier « COPIL », le 26 septembre à Gap, n’avait abouti à rien faute de mauvaise préparation du dossier par la préfecture ; le deuxième, le 22 octobre à Grenoble, avait été annulé par la préfecture, qui se jugeait « pas compétente » dans ce dossier. Espérons que le ministre des Transports a cette fois trouvé un préfet compétent pour mettre en œuvre sa promesse de réaliser les travaux urgents !

L’argent est là

Jean-Baptiste Djebbari a réaffirmé en novembre que l’État mettrait 10 millions de sa poche. Laurent Wauquiez a évoqué une somme identique, Grenoble Alpes Metropole a budgété 2 millions et se trouve prête à augmenter la mise, et le Département de l’Isère 1,8 millions, sans compter la part de SNCF Réseau. C’est à peu près 25 millions d’euros qui sont réunis pour la seule partie AuRA ! Il ne manque plus que le coup d’envoi des travaux. Pour éviter de nouveaux couacs, le Collectif rappelle les principales données techniques du dossier, issues des diagnostics de SNCF Réseau et des informations communiquées par les cheminots en charge de l’entretien et des travaux. Quoi qu’il en soit, nous serons dans les rues le 5 décembre aux côtés des cheminots pour défendre le service public ferroviaire. Si les nouvelles de la veille restent mauvaises ou obscures, la colère sera grande !

70 millions nécessaires au total

L’enveloppe globale nécessaire d’ici à 2023 sur les deux régions est de 70 millions : SNCF réseau est cohérente dans ses diagnostics depuis plusieurs années. Cette somme n’a rien d’exceptionnel pour une infrastructure : 57 millions vont par exemple être dépensés ces prochaines années pour aménager quelques carrefours et quelques voies de dépassements sur seulement 32 km de route parallèle à la voie ferrée dans le Sud Isère…

85 % de la voie en bon état

En AURA, la reprise globale du rail-voie-balast (« RVB ») n’est nécessaire que sur une douzaine de kilomètres. En PACA, 6,5km sont usés. Au total sur les 110 km de la ligne, moins de 20 km de voie sont à refaire, soit à peine plus de 15 %. En outre, les nombreux ouvrages (viaducs, tunnels, parois), sont globalement en bon état : aucune opération d’importance n’est exigée à court terme, et la somme totale nécessaire pour les prochaines années se situe autour de 10 millions, une somme modeste pour ce type de travaux.

Travaux urgents bien délimités

En dépit des discours volontiers obscurs du ministère, qui parle désormais de « travaux pérennes », il y a bel et bien des travaux urgents à réaliser en priorité, et ils sont connus du Gouvernement depuis 2017. La première urgence concerne 5 km de voie à hauteur de Saint-Martin-de-la-Cluze. Viennent ensuite 1 km de voie sous le tunnel du Fau (Monestier-de-Clermont) et quelques opérations très ponctuelles. En 2017, SNCF Réseau estimait le besoin urgent à moins de 10 millions d’euros.

La portion la plus neuve, la plus pénalisée

Les 27 km situés entre Clelles et la limite de région sont globalement en très bon état. Mais, à cause de toutes petites portions de rail à changer, toute la zone va passer en ralentissement à 40 km/h à la fin de l’année, pénalisant fortement le trafic. Seuls quelques petits tronçons d’un total de 2,5 kilomètres nécessitent des interventions. Une petite opération qui bien que non urgente, permettrait de lever les ralentissements si elle était conduite rapidement !

Fermeture en 2020 évitable

Cet automne, la direction de SNCF Réseau a proposé plusieurs scénarios de travaux au Gouvernement. L’un de ces scénarios permettrait de faire les travaux urgents en 2022, sans fermeture préalable de la ligne. Celle-ci serait maintenue en fonctionnement grâce à une « maintenance renforcée » de SNCF Réseau. Mais encore faut-il que le Gouvernement tranche en ce sens lors du comité de pilotage de ce mercredi. Bien que techniquement évitable, la fermeture, décidée par l’État en 2018, reste pour l’instant programmée.